miércoles, 19 de septiembre de 2012

Liberté d'expression ou de destruction?



 Lasse de la polémique au sujet de la susceptibilité musulmane quant au film provocateur à leur sujet, je tenais à exprimer ma liberté d’expression, puisque c’est de cela dont il s’agit.
Je défends bien sûr la fameuse liberté ci-mentionnée, tant brandie ces derniers temps. Cela va également sans dire que je condamne tout acte de violence à l’origine de la projection de ce film et que je les trouve inexcusables. Si vous le voulez bien, je me concentrerais davantage sur la notion de liberté d’expression,  tellement confondue avec la liberté de destruction.
Aux Musulmans, je dirais une chose,  c’est celle-ci : le niveau de provocation ou de prétendu humour est d’ordinaire si bas que se fâcher n’en vaut même pas la peine. Le but recherché est clairement de vous faire réagir violement pour prouver que vous êtes les sauvages fanatiques que l’Occident pense que vous êtes. Si vous les laissez jouer sur ce terrain, vous perdrez votre dignité alors que c’est le provocateur lui-même qui l’a perdue dès lors qu’il a sciemment insulté un groupe de gens qu’il ne respecte pas. N’entrez donc pas dans la spirale infernale de la violence car vous y aurez systématiquement le mauvais rôle (comment peut-on avoir le beau rôle en tuant ?), vous vous infantiliserez et vous caricaturerez. Les actes de violence provoqués par certains les rabaissent au rang où veulent les voir ces Occidentaux.
Aux Occidentaux, je dirais ceci : quel intérêt y a-t-il à provoquer infatigablement le même groupe de personnes ? Pour quoi ne pas chercher une autre cible de moquerie ? Car cette cible-là, franchement, est facile. L’humour ou la provocation ne vaut plus grand chose dès lors qu’il devient lâche.
J’ai malheureusement l’impression que vous confondez ces notions avec une mauvaise foi affligeante (c’est le cas de le dire) : s’exprimer est sain mais jusqu’où peut-on le faire si c’est dans l’unique but de blesser l’autre ? Vous utilisez une belle idée pour faire passer un message d’intolérance et de moquerie mesquine. Vous utilisez un gant de velours pour lancer une bombe en vous déresponsabilisant des résultats.
Je pense que la liberté d’expression est indispensable mais qu’elle est devenue, dans le cas présent, une excuse pour écraser les Musulmans et se gausser de leurs croyances, et cela est donc devenu destructeur au lieu d’être constructif.
Personnellement, j’entends le terme liberté d’expression comme un élargissement de notre point de vue, une façon de nous grandir, de nous humaniser, de nous faire mûrir, de nous ouvrir des portes,  comme après avoir écouté des personnage tels que Gandhi, Martin Luther King ou Nelson Mandela. Cela dit en passant, je soutiens aussi les écrits de Salman Rushdie et déplore les évènements qui ont suivis la publication des Versets Sataniques.
Je ne pense pas qu’il s’agisse d’un cas similaire ici. Ce n’est pas pour cela que je tuerais quelqu’un, cela va sans dire, mais je tenais à dire que ni l’attaquant ni l’attaqué n’en ressorte grandi, et c’est déplorable.
L’idée si merveilleuse de liberté d’expression s’en trouve donc galvaudée et en devient une liberté d’intoxication et de destruction des croyances d’autrui, quel qu’il soit d’ailleurs (en ce moment, la mode est à l’ »anti-Islam », cela peut changer).
Parce que l’Occident (c’est une Belge qui vous parle et elle l’a vécu dans sa chair tous les jours de sa vie, soit d’un côté, soit de l’autre, et elle n’est pas la seule) a tendance à offenser autrui pour lui prouver qu’il a tort d’être offensé et utilise pernicieusement des idées justes à une fin moins juste. Je trouve ça dommage c’est le moins que l’on puisse dire. Je trouve ça malhonnête et contre-productif. Si bien sûr la personne critiquée reste « zen » et est arrivée à un degré de spiritualité tellement élevé  qu’elle considère que ces attaques ne l’atteignent pas, je lui tire mon chapeau mais reconnaissons que ce n’est pas le commun des mortels !
Vous me direz que les Musulmans se vexent pour tout. Peut-être. Je vous répondrais qu’il est possible que leur susceptibilité se trouve à un autre endroit que la nôtre et que le fait même de ne pas le voir est une preuve d’imbécillité de notre part.
J’invite tout un chacun à réfléchir sur sa propre susceptibilité avant d’évaluer celle des autres de même que j’espère que les offensés recouvreront leurs esprits et ne brandiront plus d’armes, et que les offenseurs tourneront sept fois leur langue dans la bouche avant de parler.
Isabelle Toussaint

martes, 18 de septiembre de 2012

A quoi sert la prison?




A l’heure où l’opinion publique belge s’est quelque peu ébranlée et cela, de façon bien compréhensible, à l’occasion de la libération de Michelle Martin, je tenais à susciter quelques réflexions quant à l’utilité de l’univers carcéral.
Je pense que la question est nécessaire, au vu du mécontentement populaire, de certains échecs de la justice, de l’échec certain dans « l’affaire Dutroux » (je pèse mes mots), et de l’état lamentable des prisons.
Je pense qu'il y a une confusion entre tous les rôles qu’on attribue à la prison.
D’abord, si la prison sert à corriger les comportement immoraux, il y a lacune : je n’ai pas de statistiques en main mais je me souviens qu’un de mes professeurs de psychologie de l’ULg qui y travaillait souvent avait coutume de nous dire qu’un tiers des détenus en ressortait meilleur, un tiers ne changeait absolument pas et le dernier tiers devenait pire. Si j’en crois les paroles d’un expert, je me pose la question : est-ce  donc utile ? Si, je dis bien si, la prison doit améliorer notre homme, on doit lui en donner les moyens. Cela voudrait dire absence de violence dans le milieu carcéral (on est loin du compte), absence d’injustice, thérapies ad hoc, professionnels motivés et compétents, meilleure évaluation du cas des détenus et de leur motivation (et sincérité) pour changer, davantage de subsides publics (bien évidemment PERSONNE ne voudra payer pour les rebuts de la société, j’entends ça d’ici). Autant dire Disneyland comparé à ce qui se passe aujourd’hui mais je tenais à le souligner. Le détenu sortirait donc une fois « guéri ». Si le but est celui-là, et ce serait honorable bien qu’un tantinet naïf, on est loin du compte (n’en déplaise aux bonnes gens qui pensent que les détenus sont à l’hôtel).
En outre, si la prison doit être un moyen d’éliminer tout sujet coupable de crimes, c'est loin d'être le cas: alors que des criminels restent impunis et libres, certains détenus sont innocents et les méchants finiront tout de même bien par sortir car la prison à vie n’existe pas en Belgique, en tout cas dans la pratique. Donc, la prison ne remplit pas non plus de façon satisfaisante son rôle de parking de méchants puisque le système en permet la libération. Ici, ma foi, la peine de mort (à laquelle je m’oppose fortement) serait plus efficace car radicale.
De surcroît, si l’on voit la prison comme un endroit de châtiment et de pénitence, un enfer où le détenu doit expier son crime afin de laver son mal et se réintégrer, c’est loin d’être parfait également : si l’état des prisons belges possède un certaine similitude avec l‘enfer (mais ça, personne ne veut le savoir), les pécheurs expient-ils réellement leurs crimes ? En ressortent-ils repentis et honteux ? Allez savoir.
Il faut donc savoir ce qu’on veut car, à tout vouloir, on n’obtient plus rien du tout.
Qu’attendait-on de la justice quant à Michelle Martin ? Qu’en attend-t-on quant à Dutroux ? Ce serait utile de se poser la question.
J’ai malheureusement l’impression que l’on attend de la justice qu’elle règle un problème qu’elle est incapable de résoudre et que chacun y va de ses revendications, dont certaines sont légitimes, d’autres moins. J’ai aussi la sensation qu’on attend de la prison qu’elle gère un problème que la société rejette et refuse de traiter d’emblée.
Car enfin jusqu’à quel point peut-on vouloir changer un système démocratique imparfait et assez dysfonctionnel sous le coup de l’émotion ?
Jusqu’à quel point peut-on ignorer le problème que posent un Dutroux ou un Lecrenier?
Au-delà de ça, nous devrions réellement redéfinir le rôle de la prison pour pouvoir en évaluer les résultats et nous mettre le pied à l’étrier au lieu de continuer à faire l'autruche.
Si effectivement les ratages dans les affaires d'enlèvements d'enfants ont mis en exerge l'incompétence scandaleuse et pathétique des forces de police concernées et qu'ils sont les seuls responsables  (leurs hiérarchies également, cela va sans dire) de cet état de fait, le débat sur la prison est plus large et nous concerne tous (et oui, cela n'arrive pas qu'aux autres!).
D'aucun pensent que mettre un criminel sous les verrous, c'est comme emmener des poubelles au parc à container: on s'en débarrasse, le sac va on ne sait où  (ça ne nous concerne plus) et tant pis s'il pollue ailleurs. Hélas, certains résidus mettent des années à se dégrader... La comparaison n'est pas élégante, j'entends bien et m'en excuse d'avance, mais c'est malheureusement ainsi que beaucoup de gens voient les détenus.
J'avoue également être lasse d'entendre les pseudos-mythes qui entourent la prison et en arriver systématiquement à entendre regretter la peine de mort, de façon voilée puisque ce n'est plus politiquemet correct de la défendre.
Que veut-on exactement?  Que faire de ces "monstres"? Je n'ai que des questions et aucune réponse mais il serait bon d'y réfléchir de façon sérieuse.
Les crimonologues spécialistes du sujet vous diront sûrement que le problème est de deux sortes: des gens qui, pour des raisons inconnues (de tempérament, génétiques?) manquent totalement d'empathie et en arrivent à mépriser totalement la vie d'autrui; et une société matérialiste qui génère des tristes sires manipulateurs, froids, calculateurs et inhumains. Si nous ne pouvons probablement agir contre le premier facteur (étant inconnu et assez abstrait) le second est entre nos mains. C'est cette variable que nous pouvons et devons modifier, tout en sachant qu'il existera toujours des risques, au lieu de jeter la pierre dans le cour de la prison qui, lorsqu'elle agit, a toujours forcément quelques trains de retard.



lunes, 10 de septiembre de 2012

La bofetada.

Leyendo la novela de Christos Tsiolkas, La Bofetada, me pongo a meditar sobre el inmenso paso adelante que ha supuesto la prohibición del castigo corporal, practicado desde hacía tantos siglos.
Lejos de mí la intención de revelaros la intriga de la novela, sólo subrayaré lo que cualquier futuro lector sabe de entrada: durante una barbacoa, un niño de tres años (indisciplinado, violento y grosero) amenaza a un niño mayor con un bate de base-ball. El padre de este le pega una bofetada al pequeño, pero sus padres le denuncian por abuso (él, un alcohólico ausente, y ella, una madre excesivamente protectora y permisiva). A partir de este suceso, los invitados a la fiesta están obligados a tomar partido.
Confieso que me ha costado mucho encontrar un personaje simpático en este libro, pero he podido reflexionar sobre el problema que plantea.
Me parece evidente la incoherencia de querer enseñar una buena actitud (no pegarás) pegando. Deja patente el error del padre brusco (aunque la bofetada se practicó durante siglos, con las mejores intenciones).
Dicho esto, si bien puedo fácilmente concebir el malestar o la cólera de los padres del niño abofeteado, me quedo, sin embargo, boca abierta delante de su mala fe y la negación total del acto violento de su hijo (blandir un bate de base-ball).
Esta historia acontece en Australia y pone en tela de juicio un tipo de sociedad que criminaliza lo que sea en nombre de la justicia, como muchos países anglo-sajones, desgraciadamente (el fenómeno se está expandiendo aquí también, por cierto). De allí las numerosas denuncias que no hacen otra cosa que estorbar la justicia: ¿debemos denunciar a un hombre por una mirada lasciva o un comentario soez (considerados como acoso)? ¿Debemos acabar en prisión por una bofetada?
Estamos, a mi entender, delante de una sociedad enferma de sus reglas que, queriendo evitar todo obstáculo, acaba criminalizando actos (ciertamente desagradables) sacándolos de su contexto. Se trata de una sociedad donde la ley (el hiperlegalismo, mejor dicho) ha vencido al espíritu crítico, negando así la flexibilidad y creando, de paso, víctimas, no personas. Imaginados, como mujer, gritar y correr a la policía cada vez que un hombre os lanza un comentario soez... Eso implica, pues, que no os podéis “defender” solas por ser mujer y que necesitáis el amparo constante de la ley. Se llega así a infantilizar a una población o a un grupo que, a falta de libre albedrío, se vuelve sistemáticamente víctima de todo y nada.
Las culturas (¿son culturas de verdad?) donde la ley es trascendental en el sentido de Kant (es decir que constituye una condición a priori de la experiencia, la cual, por lo tanto, existe más allá de lo concreto) derivan más que las sociedades empíricas (basadas en la experiencia), más flexibles (pero no exentas de defectos).
Este tipo de comportamiento lleva a una paranoia colectiva peligrosa y debilita a los más débiles, ya que su único recurso es la ley, no su propia aptitud a resolver un conflicto, dejándoles sin criterio (la ley piensa por ellos) ni libre albedrío; les convierte en víctimas constantes e inútiles. Se llega, pues, a una especie de paternalismo legalista.
Entendámonos: me parece justa la moral como principio trascendental (no me explayo en esto), pero si uno quiere ser justo, justamente: ¿debe entonces estorbar a la Justicia por pequeñeces?
No estoy haciendo apología de la bofetada, de ninguna manera. Estoy contenta de la abolición del castigo corporal (tanto como estoy satisfecha de las leyes contra el acoso sexual), lo que sí denuncio son las múltiples derivas y consecuencias a veces nefastas, sobre las cuales deberíamos meditar, con el fin de llegar realmente a la gran y anhelada idea de Justicia.
Allí donde la ley ayuda a poner orden en el caos humano, ¿puede decentemente (por no decir justamente) uno criminalizar todos los actos e instaurar así aún más caos? Porque de esto se trata: al buscar principios superiores por todas partes, ya no los hay en ninguna parte. Al criminalizar todo, el crimen más horrible se banaliza. Al ir a juicio por pequeñeces, los tribunales se vuelven incompetentes y desbordados. Nos volvemos, pues, como Ulises, en busca de la hogareña y calurosa Ítaca, desorientados entre Escila y Caribdis.

sábado, 8 de septiembre de 2012

Sans ismes.


 Les réflexions de Gao Xingjian (Prix Nobel de Littérature 2000) m'inspirent quelques commentaires sur le thème des idéologies en général.
Dans son essai Sans ismes, l'auteur observe la nocivité de ces "ismes" qui nous entourent et tranquillisent. Il en sait quelque chose, lui qui a souffert dans sa chair la persécution du régime maoïste.
Il évoque également la nécessité de la responsabilité personnelle et surtout du principe de la fuite, le refus des "ismes", en soi nocifs selon lui.
Il ne fait pas non plus, soit dit en passant, l'apologie de l'anarchie mais voit l'isolement, la retraite, comme une posture sage face aux tempêtes idéologiques qui nous envahissent, bien que cette position ne nous sauve pas nécessairement.
Je voudrais ajouter quelques commentaires à ces sages paroles.
Je pense qu'effectivement ces "ismes" sont de fait un leurre, une stratégie pour contrôler le troupeau et le rassurer ou le convaincre de lutter, selon les intérêts du moment. Ce leurre est basé sur le fait que tout être humain a fondamentalement besoin d'appartenir à un groupe et de se sentir accepté, ce qui entraînera donc une perte de l'esprit critique, le cas échéant.
Les idéologies, de droite comme de gauche d'ailleurs, peuvent être très efficaces ou bonnes sur le papier. Cependant,  à l'heure de la vérité, elles oublient toujours et invariablement un détail important: que l'être humain est polycéphale, au minimum bicéphale, comme Dr Jekyll et Mr Hyde (je ne mentionne même pas les nuances entre les deux). Ce serait comme faire une thérapie avec Jekyll en oubliant qu'il est aussi Mr Hyde!
L'on peut donner des milliers d'exemples: les gens de droite oublient que nous avons droit à plusieurs opportunités tandis que les capitalistes nient la véritable spiritualité; les communistes quant à eux n'admettent pas que l'homme soit compétitif et égoïste alors que Freud opinait que les pensées et actions humaines étaient forcément dirigées vers le sexe. De même, les Chrétiens sont souvent incapables de considérer le corps, comme si nous ne devions être que pur esprit.
L'homme n'est ni blanc ni noir, ni de toute bonté ni totalement mauvais, il est tristement gris. Certains mettent des couleurs dans leur vie au moyen de la générosité et de la bonté; d'autres, tels Dark Vador, finissent par choisir le côté obscur et cela d'un côté comme de l'autre (et ça me peine de le reconnaître).
À mon humble avis, chacune de ces théories ont échoué et continuent à échouer parce qu'elles répriment notre intégrité, parce qu'elles ne voient pas l'homme en entier, de manière "holistique" pourrait-on dire, mais bien tristement et irrémédiablement divisé, comme un médecin prescrivant du prozac contre la mélancolie de l'âme.
 Ces idées démontrent de l'inflexibilité et un manque de vision globale, elles nous simplifient et nous rabaissent, niant purement et simplement tous les aspects de notre existence (ou de notre essence? Allez savoir!).
J'aurais tendance à dire que la sagesse serait de s'inspirer de plusieurs théories en conservant des convictions fermes et une flexibilité totale. Vivir sans -ismes et sans cynismes, tâche de funambule s'il en est!
Peut-être doit-on se retirer et observer, écrire et se cacher comme un ermite, je n'ai pas de réponse.
“Il faut cultiver son jardin" conseillait Voltaire.

Tariq Ramadan et le totalitarisme occidental.

Ecoutant l'islamologue Tariq Ramadan, je suis restée bouche bée par ses arguments dont la perspective étonne (dans le meilleur des cas), perturbe ou provoque la colère.
C'est en regardant certains débats le concernant (qui ne datent pas d'hier, désolée), notamment avec Eric Zemmour ou Caroline Fourest, que j'ai réalisé à quel point certaines personnes (en France et probablement ailleurs) ne peuvent simplement pas écouter ses arguments et le détruisent systématiquement, sous le prétexte de la démocratie, de la laïcité et de l'égalité entre homme et femme.
Personnellement, je ne suis absolument pas une spécialiste de l'Islam. Bien que je sois baptisée dans la foi chrétienne, je ne la pratique pas; je ne suis pas non plus musulmane mais je commence réellement à me fatiguer de la mauvaise foi ambiante qui fait que tout le monde puisse opiner sur ceci ou celà, à condition que ce soit politiquement correct (serait-ce une religion???) et à condition aussi que la personne ne soit pas musulmane, ou alors peut-être si musulmane mais alors modérée (mais qui décide de qui est un musulman modéré???). Pour moi, ce type d'intransigeance n'est rien d'autre qu'un dogmatisme déguisé de bonnes intentions, puisque celui qui décide de la prétendue modération est notre société, sacro-sainte (cela va sans dire).
Ce qui attire mon attention du personnage de Ramadan, c'est justement sa façon d'expliquer et de mettre en contexte les problèmes posés avec une chose dont nous manquons très souvent: l'amplitude d'esprit. Puissent ses détracteurs en avoir le dixième du sien et le dialogue s'enrichira. J'attends toujours.
Par ailleurs, Ramadan a une façon très universitaire de parler et de poser le problème et il possède une façon universelle de voir les choses. C'est ce qui dérange dans un monde d'esprit de clocher qui se croit cosmopolite mais qui tombe dans le piège du totalitarisme de la pensée occidentale. Je crois que Ramadan sait et applique parfaitement qu'"il n'y a rien de plus dangereux que les gens qui regardent les choses depuis un seul angle", idée génante dans une société à la pensée étroite.
Je m'explique: l'Occident a toujours et invariablement la certitude d'avoir raison en tout et les mauvais sont toujours et systématiquement les Musulmans. Afin de penser que nous sommes tolérants, nous tolérons donc les opinions de certains musulmans modérés (ceux qui ont des opinions proches des nôtres) mais c'est notre société qui décide de qui est modéré ou non, n'est-ce pas contradictoire? Le reste est censuré ou muselé... voilà pourquoi Ramadan s'est vu refuser l'entrée de plusieurs universités occidentales.
Dès lors, je me pose une question: pourquoi est-ce que cela nous dérange tant qu'une voix musulmane se fasse entendre? Pour quoi accordons-nous tant d'importance aux discours incohérents de Bin Laden et aux exagérations des Ayatollahs d'Iran alors que nous déformons ce que dit Ramadan ou l'accusons d'avoir voulu dire autre chose? Pour quoi Caroline Fourest voulait-elle absolument qu'il dise publiquement "Nous sommes au 21e siècle et il est évident que la lapidation des femmes adultères est terrible"? Pour quoi obliger quelqu'un à le dire de cette manière (LA manière) sans lui laisser une porte de sortie (mais rassurons-nous, Ramadam trouve parfaitement seul la grande porte, au grand damn de la demoiselle qui même avec une clé ne la trouverait pas)? Pour quoi rit-elle quand il explique que la lapidation concerne autant les hommes que les femmes adultères? Pour quoi décide-t-elle que Ramadan est responsable de cet état de fait? Pour quoi est-ce que ça choque autant qu'il dise que les femmes peuvent s'habiller comme elles veulent? Beaucoup de questions pour une réponse mutuelle: la mauvaise foi intellectuelle.
Dois-je moi, baptisée dans la foi chrétienne, me sentir responsable des infâmes croisades? Pouvons-nous accuser invariablement les fidèles catholiques du dogmatisme écclésiastique?
Les gens qu'incarne cette journaliste veulent une soumission totale aux idées occidentales (de laïcité, de démocratie, de féminisme) comme si celles-ci étaient des dogmes et cela Zemmour l'a très bien résumé en proclamant, très fier de sa trouvaille "On se soumet à la civilisation française". Parce que, bien entendu, ces gens ne peuvent  concevoir autre chose que la notion de soumission... et se croient démocrates!
En imposant ces idées non pas comme de l'humanisme sinon comme des doctrines sine qua non, nous faisons le jeu des fanatiques de tous poils et entrons dans la spirale infernale. N'est-ce pas un Voltaire qui a dit "Je ne suis pas d'accord avec vous mais je me batterais pour que vous ayiez le droit de le dire"? Moi, ma chanson préférée serait plutôt Mourir pour des idées, justement mais on est loin du compte lorsqu'on voit le panorama intellectuel français du moment qui irait plutôt dans le sens du "Que vous ayiez ou non raison m'importe peu, je vous laisserais tuer pour que le politiquement correct gagne la bataille".
Je pense du reste que Ramadan est par trop intelligent pour ces pseudo-intellectuels. Je n'en ai pas encore vu un qui lui arrivait à la cheville, ni quant à l'esprit critique ni quant au discours. C'est ça qui doit les géner, profondément, d'être repris de volée par un musulman.
Quant à moi, je n'ai nul besoin d'être d'accord avec tout ce qu'il dit pour apprécier qu'il est un des rares esprits capables  (à ma connaissance) d'aborder les problèmes sous différents angles. Je n'ai pas besoin non plus de considérer son avis sur l'homosexualité comme s'il fallait systématiquement son opinion pour me positionner pour ou contre ce fait (par exemple).
Ses idées, loin de me choquer, me ramènent à l'essence de ce que devrait être un universitaire: une personne dotée d'amplitude d'esprit. Dans un monde de cerveaux lavés et tristement  formatés, c'est un luxe.
Peut-être lui dirais-je, le cas échéant, qu'il donne, d'une certaine façon, du miel aux pourceaux (et des pourceaux, ma foi, de très mauvais foi!) mais je le comprends car sa perpective pédagogique lui impose de parler pour essayer de modifier les mentalités, et non pour plaire, nécessairement. Ça devient un luxe également, à mon grand damn.
Revenons à nos moutons (c'est le cas de le dire): comment  un pays comme la France qui est fière de son ouverture, de sa Liberté, de son Egalité, de sa Fraternité, peut-elle faire le procès de quelqu'un, simplement parce qu'il ne suit pas le dogme de la laïcité? Oui, parce que c'est devenu un dogme dans l'esprit de certains...
Que l'Occident se réveille, de grâce, et voie que ses fameuses idées fondamentales sont parfois des leurres fondamentalistes que les ignorants et les cyniques hissent bien haut juste pour éliminer la différence au nom du politiquement correct. C'est là que Ramadan dérange, profondément puisqu'il fomente l'esprit critique (notion de plus en plus absente) et relativise les piliers sur lesquels nous croyons avoir fondé nos "cultures".
L'Occident tend systématiquement à critiquer l'Islam (parfois à raison, d'ailleurs) mais sans tenter de voir ce qui réllement provoque un malaise dans leurs propres pays... en se lavant les mains des vraix problèmes et en jetant la pierre à ceux qui semblent plus "coupables".
Il est facile de fustiger les manières du voisin quand l'on est certain que les siennes sont les meilleures.
Mais j'y pense, n'y a-t-il pas eu un homme qui a dit un jour "Que celui qui n'a jamais péché jette la première pierre"?