lunes, 27 de febrero de 2012

La vie est belle ou le legs de Janusz Korzcack





En regardant La Vie est Belle de Begnini, je ne peux m’empêcher de penser que cette oeuvre ne doit pas se comprendre comme une vision, bien qu’édulcorée, des camps de concentration, mais plutôt comme une question fondamentale: Faut-il dire la vérité aux enfants et les laisser voir, en l’occurrence, l’horreur de la vie ?
Dans le meilleur des cas, chaque parent répondra à cette question et laissera ou non regarder n’importe quel programme de télévision à sa progéniture.
Cependant, si ces parents doivent expliquer la guerre, les bombes, les tortures et les assassinats des membres de leur famille, comment s’y prendront-ils ?
Dans le film, Begnini (plutôt Vincenzo Cerami, l’auteur du roman qui l’a inspiré) choisit de présenter le malheur et la mort comme un jeu afin de préserver  l’innocence de son fils.
De là, une problématique importante: jusqu’à quel point devons-nous, en tant que société ou famille, préserver l’innocence de nos enfants?
Nous savons d’une part tous les malheurs qui proviennent de la surprotection (malheureusement en vogue de nos jours) dont surgissent l’infantilisme et des individus inadaptés et éloignés de la réalité souffrant de problèmes communicationnels énormes. Nous savons aussi que beaucoup d’autres maux viennent du manque de soutient, de l’indifférence ou négligence des familles envers les émotions, peurs ou nécessités basiques des enfants.  
Cela étant dit, j’ignore si Cerami s’est inspiré d’une anecdote réelle pour créer le père, Guido, mais la brillante idée de ce dernier me rappelle celle d’‘un écrivain et pédiatre Juif-Polonais, Janusz Korzcack (de son vrai nom Henry Goldszmitz): Ce pédagogue professait un respect total envers l’enfant et le devoir absolu de l’éloigner du mal. Pendant la seconde guerre mondiale, il s’occupait d’orphelins Juifs du ghetto lorsqu’on lui offrit à maintes reprises de fuir alors que ses protégés seraient conduits à Treblinka. Il refusa chaque fois ces propositions et, comme Guido du film, présenta le voyage en train comme une jolie excursion qu’ils allaient réaliser tous en chantant. Puisque la situation était désespérée, il valait mieux finir en beauté dut-il penser … La surprise des soldats nazis fut donc grande quand ils entendirent 200 enfants chanter en entrant dans ces tristes wagons.
Depuis que j’ai lu à propos de la vie de Korzcack, sa figure ne cesse de m’intriguer et me fasciner et si l’on a dit en son temps d’Emile Zola qu’il fut “Un moment de la conscience humaine” (et cela pour son rôle dans l’affaire Dreyfus), j’en déduis que ce médecin a dû être, donc, au minimum, « quelques heures de la conscience humaine », lui qui n’a pas cessé de répéter à des enfants condamnés que la vie était belle, puisque, selon ses propres paroles, « Le lien le plus fort que nous avons avec la vie s’exprime dans le sourire d’un enfant ».

sábado, 25 de febrero de 2012

Sagesse

Tes ancêtres sont tes racines
Ton enfance ta lumière
Laissant une saveur chagrine,
Un siège reste désert.

A toi de gambader, claudiquant
Sur la voie par toi fleurie
Sans languir de nostalgie,
Sans craindre le présent.

Triste et néanmoins forte,
La robe pourpre t'emporte
Au-delà des âmes mortes
Mais la lumière veille à ta porte.

Isabelle Toussaint

Tableau: Giuliana Gironi


Aujourd'hui, j'ai écrit un poème




            

« De la musique avant toute chose                              
Et pour cela, préfère l’impair » Verlaine                       

Aujourd’hui, j’ai écrit un poème            
Alors, peu m’importe ta mauvaise foi  
Je suis au-delà des problèmes                
Même si je gîte, hélas, sous ton toit    

Aujourd’hui, j’ai écrit une ode             
Alors peu me chaut la tempête            
Je planerai aux antipodes                    
Entre l’euphorie et les fêtes                  

Aujourd’hui, j’ai écrit une épître     
Je serai chez les muses conviée          
Tu peux bien, jeunot, faire le pitre    
Âne, je t’aurai vite effacé                   

Aujourd’hui, j’ai écrit en vers          
De jalousies j’ai eu ma dose              
À bas ces malheureux revers :           
De la musique avant toute chose !   

viernes, 24 de febrero de 2012

Nostaliège


La ville s'endormait, j'en oublie le nom (Jacques Brel)

La ville s’endormait et j’en sais le nom :
Celle au ciel qui sent la bière,
Crasseuse et brûlante,
D’une grâce décadente.
Fus-tu belle un jour ?
Impératrice déchue,
Mon Alma Mater déçue,
Aux avenues pluvieuses et maquillées
Tu brandis à tous vents
Ton surnom ardent

La ville s’endormait et j’en sais le nom :
Fondée sur le sang d’un évêque
Principauté principale,
Jadis reine du métal
Tes demeures de maîtres sont
A la mesure de ta morosité
Et à la hauteur de tes songes d’antan.

La ville s’endormait et j’en sais le nom :
Vile mystère que ce bourg populaire
Jamais à l’unisson
Du reste du plat royaume
Auquel, malgré lui, il appartient.

La ville s’endormait et j’en sais le nom :
Cité aux constants contrastes
Que je ne peux admirer qu’en biais
Que je ne peux visiter sans larmes,
Toi, ton perron et tes piètres vieilles pierres.

La ville s’endormait et j’en sais le nom :
Ce nom qui rappelle des gants de neige
Quand d’aventure son gris se transforme en blanc.

Legado

Legado.

Casa no tengo
Ni oro poseo
No te daré jamás
El palacio que te merecerías.

Sólo te lego cuatro cosas:
Mis palabras d’amour
Mon chéri pour toujours,
Mi confianza y mi amor.

Ese amor a la vida
Que siempre se despierta
Frente a la belleza:
La tuya, la de la playa,
La de todas las lenguas,
Del cielo o de una melodía.

Te pido que eso lo pases,
Lo pases a ciegas,
Lo pases siempre y a todos:
A tus hijos, amantes,
Amigos y perros.
Pásalo con ganas,
Las ganas de ser tú mismo
Y de volverte a levantar
Después de cada caída.

Que te enamores
De esta vida y le veas
Los mil sentidos
Aunque se escondan
Aunque se te escapen.
Atrápalos e ilumina
Esta tierra con tu sonrisa.

Isabelle Toussaint
Photo: León Martí Toussaint

De guerre lasse



Ecrire sur toi
Serait lourd à ton silence,
Serait risible à ton cynisme,
Serait léger à ta vanité.

Ce serait te déclarer la guerre
Ou l’amour, avec toi
N’est-ce pas similaire ?

Ce serait me dénuder
Face à ton pénétrant regard.
Ce serait piquer ton orgueil
De chevalier jadis écorché,
Constant provocateur,
Instable guerroyeur,
Cid à jamais insatisfait
Qui nie l’amnistie,
Défend un illusoire territoire,
Oscille entre revanche et merci

Tu me veux guerrière,
Tu me voudrais conquise
Tu me voulais tienne
Tu m’aurais voulue autre
Une avec qui t’ennuyer
Et sur qui te reposer.

Amazone, je reste
Plutôt morte que docile
Bien à toi, toujours,
Différente ne peux être,
Ni Chimène, ni chimère.

Contre toi
Ou tout contre :
Grave erreur,
L’amour vache n’est pas l’Amour.
L’amour avec toi,
C’est la lutte éternelle,
Le combat virtuel,
La fierté perpétuelle,
Le feu, sans cesse,
Sans refuge, sans trêve, sans tranchées
Sans cœur, sans vainqueur.


Liège en décembre




Liège est son propre piège
Ardente cité qui gémit le blême
Et l’écarlate,
De la lâcheté qui éclate.

Liège et son violent siège,
En un bref et effrayant instant
Sa place devenue vermeille,
Le doute en maître régnant.

Liège pleut, maussade
Liège pleure, déchirée
Liège neige, parfois
Liège veut toujours continuer,
Liège peut encore s’embraser

Grise cité que le massacre a laissée
Profondément en deuil,
Rouge et écartelée,
Sur ses charbons ardents.

Isabelle Toussaint
Photo: Isabelle Toussaint

Europe

Par  des requins et  bouffons gouvernée,
Par des charognes commentée
L ‘Europe s’édifie parmi les gueux :
Que votent les moutons,
Et se taisent les paresseux.
Que vivent  peureux et inconscients,
S’effondre la démocratie
Et triomphe la tyrannie.
Des hordes d’ignorants,
L’ordre est le symptôme
D’un continent monochrome.
Amusez-vous dans vos manoirs,
Les troupeaux bêlent,
C’est le règne des couards.