"Un pour tous, tous pourris,
Faut pas qu'on nous pousse
Ou on sème la zizanie" chantait Zazie.
Mon billet coup de gueule annuel, donc.
Pourquoi nous différencier tant, de fait?
Le temps pour pleurer et se plaindre devrait être révolu.
Je ne prétends pas avoir la panacée mais je me pose quelques questions quand même.
Perso, je lis beaucoup. C'est grâce aux livres que j'ai pu mettre le doigt sur cette guerre des sexes, sur ce pseudo-déterminisme affligeant qui victime la femme à outrance et la rend hargneuse et vindicative. Ça m'a aidée à apprendre que le rôle que la société nous octroie n'est pas toujours le chemin qui nous convient. Pourquoi, par exemple, ne fait-on pas lire la journaliste Colette Dowling et son Mythe de la Fragilité à toutes les filles au lieu de les éduquer comme des princesses faibles et capricieuses ou comme des vierges inaccessibles? Pourquoi ne met-on pas en valeur des Boadicée ou Jeanne d'Arc au lieu de regarder les Alexandre le Grand et Jules César? Pourquoi traite-t-on des femmes comme Cléopâtre et Hatshepsout comme des usurpatrices? Pourquoi n'enseigne-t-on pas aux filles l'autodéfense, le sens de la répartie ou de l'humour quand elles sont embêtées ou harcelées? Pourquoi les maisons d'édition comptent-elles sur le fait que les hommes lisent exclusivement des auteurs masculins tandis que les gonzesses lisent des oeuvres de nanas? Pourquoi sommes-nous toujours dans une société qui n'enseigne pas à ses jeunes à dire non, à reconnaître leurs vrais désirs et à respecter ceux des autres? Au-delà de ces interrogations pèle-mèle, ce que je dis des jeunes filles est d'ailleurs totalement valable pour les garçons, la problématique est identique, de fait, et c'est là où je veux en venir.
C'est grâce aux livres que j'ai appris que les hommes avaient une sensibilité, des sentiments et d'autres rêves que ceux de nous emmerder, nous, les meufs. Vous le dit quelqu'un qui est née en pensant que les mecs étaient des intrus habitant un continent noir. bardé de murs et sans aucun pont ni espoir. La vie, heureusement, a balayé ces inepties, la vie et surtout les livres.
De grâce, lisez davantage! Lisez Flaubert ("Madame Bovary, c'est lui"); regardez Eric Rohmer et son Rayon Vert ("Delphine, c'est lui"), lisez Zola et Proust (Albertine, c'est nous); analysez de Beauvoir (Simone, c'est ma chienne), écoutez Renaud et son Miss Maggie; lisez Tristan et Yseult comme une grande leçon sur les rôles imposés; feuilletez Jean Markale et ses essais érudits; écoutez Zazie; lisez Anaïs Nin ou Henry Miller; étudiez l'Egypte Antique et son égalité des sexes; lisez Edgar Morin, qui vous parle de la complexité du chemin; lisez Bauman qui vous parle des incertitudes du monde liquide. Vous finirez par entrevoir que l'homme et la femme sont sur le même bâteau (possiblement dans des classes différentes, mais pas toujours). Mon pessimisme vous dirait "Deux âmes esseulées avec les mêmes inquiétudes existentielles, séparées par une société qui les veut affrontés par peur de ce que pourrait donner de les voir marcher ensemble". Parce qu'il est plus facile de dépeindre et éduquer les gamins comme des bourreaux violeurs et violents que comme des chevaliers servants; parce qu'il est aisé d'élever les gamines comme des poupées de cire et de son prises dans le tourbillon des opérations chirurgicales, de la perte de poids et de la peur du mâle au lieu d'en faire des femmes responsables. Rambo contre Barbie et pendant ce temps, on se fout bien de notre gueule.
Je ne suis pas aveugle, je vois les différences entre hommes et femmes, si certaines m'amusent, d'autres me débectent. Certaines sont innées, d'autres acquises et je n'entrerai pas dans le débat. Cependant, je trouve que la comédie a assez duré et qu'il faut également se concentrer sur les points communs si l'on désire avancer un brin.
Lorsque j'ai souligné au début ma solidarité féminine, je tiens à préciser, ne vous en déplaise, que le sort des hommes exploités est tout aussi déplorable mais ceci, ce sera pour un autre article consacré à la journée des hommes (tous les autres jours, donc, sans rancune, messieurs).
Bref, je suis Madame Bovary et Don Quichotte, je suis Sancho Panza et Boadicée. Que suis-je encore? Un être ambivalent et complexe, et ça ne devrait pas être perçu comme un problème mais comme une richesse. Et, de grâce, acceptez-le en vous et en vos enfants aussi!
Je vous laisse sur ce coup de gueule, mon sexe faible est éreinté. À l'année prochaine, donc et je vous dis (merci Zazie!): "Aux hommes qui nous aiment, ensemble marchons, et au diable les autres".
Isabelle Toussaint, 7/3/2018
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