Féminisme: doctrine qui préconise l'extension des droits, du rôle de la femme dans la société. (Le Robert).
Les gars, j'ai comme un doute... Je commence à croire que je ne suis pas une femme, j'ai trop lu, et que je suis pas féministe. Moi qui avais fièrement reproduit la magnifique phrase de Jules Renard dans mon mémoire de fin d'étude il y a 20 ans sur L'Empire de la femme chez Zola (oui, déjà). "Le féminisme, c'est de ne pas compter sur le prince charmant".
Me voilà dans la muise. Je lis le monde et me reconnais en Melle Deneuve et ses compagnes et je m'aperçois que je suis une traîtresse ou une vieille peau pour penser comme elles. Je vois les femmes de façon plurielle, non pas LA femme mais une multitude d'âmes qui pissent assises et qui m'affligent ou me fascinent. Certaines sont choquées par les frotteurs du métro, c'est leur droit, d'autres s'en fichent (ou le prennent moins dramatiquement), c'est leur droit aussi. La presse et les bien-pensants et autres moutons de Panurge bêlent à qui veut l'entendre l'uniformité de la pensée, le formatage des sensations. Là, je dis NON.
Je compatis et suis totalement solidaires de toutes les femmes exploitées depuis la nuit des temps et partout dans le monde. Le patriarcat me dégoûte profondément et j'ai moi-même dû donner des coups ou des réparties acerbes pour esquiver des "porcs" (au pire) ou des mauvais plaisantins (au mieux). Certaines expériences ont été traumatisantes, d'autres sont juste comiques ou un "non-évènement". Toutes sont le reflet d'une "misère sexuelle" affligeante, je confirme.
Quitte à démolir certains schémas de pensées simplistes, je suis une femme: j'ai un vagin et des seins, je pisse assise mais je déteste Titanic et ai vu Pretty Woman sans pleurer ni le confondre avec Mort à Venise. J'adore les robes de mariées et ai toujours voulu être mère mais je suis allée à l'autel sans personne pour m'y conduire car je me considère capable de faire le chemin sans tuteur. Je lis des oeuvres d'hommes comme de femmes. Je peux vous raconter des anecdotes sur le machisme de ma famille. Je peux aussi vous assurer que mon absence de peur physique face au mâle me vient de ma mère et je l'en remercie. Je suis féministe (dans le sens du dictionnaire ), je descends les poubelle pendant que mon mari repasse . Quand je raconte (de façon un brin théâtrale) comment je fais face à des hommes dans la rue qui m'insultent ou me menacent, mes amis me disent qu'ils ne voudraient pas être à la place des ces pauvres types. Ça m'amuse. J'ai des opinions politiques, j'en arrive même à penser pendant les longues soirées d'hiver, d'où cet écrit.
Néanmoins, je déplore le climat actuel, non pas tant quant aux positions des femmes à ce sujet mais bien dans l'intolérance face aux réactions diverses. La "mode" aujourd'hui, c'est que tout le monde soit d'accord avec l'idée triomphante. Toutes les femmes devraient être hantées quand on leur fait un commentaire désobligeant. Il s'agit ni plus ni moins du sectarisme de la pensée politiquement correcte. Ce n'est pas la première fois que j'en parle.
J'avoue être déroutée lorsque je vois une interview de Elisabeth Lévy dans laquelle on lui coupe sans cesse la parole et où l'on tente de lui faire dire ce qu'elle n'a pas dit.
Une fois de plus, je constate que le 5e pouvoir qu'est la presse reste bel et bien le terrain qui cultive l'ignorance, la simplification à outrance et la bêtise. Nous possédons la liberté d'expression à condition de dire ce que tous veulent entendre et, pour cela, les médias ont la mauvaise foi et fustiger ou museler les voix discordantes. Ni Lévy ni Deneuve n'ont dit que ns ne devions pas nous sentir traumatisées lorsqu'un homme dépasse les bornes, elles ont juste cosigné que nous n'allons pas toutes prendre cet évènement de la même façon. Et quand bien même diraient-elles le contraire, c'est leur droit de le penser. Qui plus est, quand, d'ailleurs, doit-on nous dire comment nous devons prendre les choses?
Je suis également affligée d'entendre ce journaliste dire que les femmes sommes probablement beaucoup plus faibles et moins intelligentes que Levy et que c'est pour cela que, peut-être, nous devrions balancer notre porc.
La bonne blague! Je ne suis pas une poupée de cire ni une poupée de son, et je ne suis pas la seule, quoi qu'on en dise! Je n'ai pas non plus la prétention de parler pour toutes les femmes mais, à partir du moment où j'accepte la pluralité parmi les femmes et la pluralité d'opinion, j'ai aussi le droit de donner la mienne.
Cette campagne et les proportions qu'elle a prise me font penser que la noble cause du féminisme semble avoir été récupérée par le patriarcat en tentant de nous faire passer systématiquement pour des victimes sans défense face aux hommes bourreaux. Je ne nie pas les horribles traitements reçus par des millions de femmes dans le monde ni les injustices qui persistent dans nos sociétés (et je ne suis pas aussi optimiste que Lévy à ce sujet) mais quand même! C'est comme si la société voulait nous faire passer pour des petites choses fragiles. Il est complètemte réactionnaire de retourner à ces considérations victimisantes. Je suis également convaincue que victimiser à outrance les femmes, les noirs, les handicapés ou qui que ce soit ne les aidera pas à devenir plus forts. La seule façon pour les femmes de renforcer leur "pouvoir", c'est de ne pas compter sur les hommes pour les défendre. J'entends par là, non pas les ignorer ou les prendre pour des inutiles (on est très fortes à ce jeux-là aussi), mais ne pas compter sur le prince charmant, se défendre seule autant que possible. Si l'homme est réellement et systématiquement notre bourreau (affirmation suspecte), comment peut-on être assez bête pour lui demander de nous sauver?
Bref, comme les signataire de cette lettre, j'affirme qu'infantiliser la femme en la considérant tellement faible qu'elle doit systématiquement recourir à la police ou aller pleurer comme une madeleine parce qu'un homme s'en approche ou la dérange, est totalement anti-féministe.
Que ceux et celles qui préfèrent faire partie du troupeau continuent à bêler alégremment des slogans qu'ils ne comprennent pas, c'est leur droit... mais ça ne m'empêchera pas de continuer à penser et à lutter pour ce que je crois. Le reste, finalement, on s'en balance...